Dynastie Idrisside (789-985)
Le début de la monarchie marocaine : L'une des plus anciennes monarchies dans le monde à coté de l'empire du Japon et la monarchie du royaume unie.
L'histoire des Idrissides commence, lorsqu'un prince arabe chiite de la famille de `Ali (quatrième calife de l'islam), Idris Ibn 'abd Allah al-Kamil et son affranchi Rachid Ben Morched El Koreichi, se réfugient dans le Moyen Atlas. Fuyant la menace des Abbassides (qui avaient massacré des Alides et leurs partisans chiites lors de la bataille de Fakh près de La Mecque), ils séjournent en Égypte avant de s'installer à Walilah (Volubilis), sous la protection de la tribu berbère des Awarbas. Réussissant à rallier les tribus à sa cause, Idriss est investi Imam et fonde la ville de Fès en 789 sous le nom d'Idriss Ier. C'est le début de la dynastie des Idrissides.
Idris Ier est assassiné par un émissaire du calife abbasside Haroun al-Rachid de Bagdad, un certain Sulayman al Zindhi. Ne se doutant que la femme d'Idris Ier(Kenza) est enceinte, Haroun al-Rachid pense que la menace de l'émergence d'un pouvoir alide à l'ouest du Maghreb est vaincue. Mais quelques mois plus tard, naîtIdris II. Son éducation a été confiée à l'affranchi de son père Rachid qui assure une sorte de régence. Onze années plus tard, il est proclamé Imam des croyants de Fès. Au fil du temps, sa sagesse et son sens pour la politique s'affirment, il réussit à fédérer plus de tribus, le nombre de ses fidèles s'accroît et la puissance de son armée désormais professionnelle (dans laquelle s'engagent des Kaisites issus des tribus du nord de la péninsule Arabique) se développe. Le royaume idrisside englobe ainsi toute la portion de territoire s'étendant de Tlemcen à l'est jusqu'au Souss au sud et au Gharb à l'ouest. Il semble que la dynastie idrisside, du moins à ses débuts, ait professé le chiisme et plus précisément le zaïdisme, réputé être le plus modéré des rites chiites. Les princes idrissides successifs passeront cependant rapidement au sunnisme.
Se sentant à l'étroit à Walilah, Idriss II quitte l'antique cité romaine pour Fès, où il fonde le quartier des Kairouanais sur la rive gauche (Idris Ier s'était établi sur la rive droite, le quartier des Andalous). Les Kairouanais sont issus de puissantes familles arabes orientales et arabo-perses (originaires du Khorassan) établies en Ifriqya depuis l'époque abbasside. Elles sont expulsées de Kairouan en raison des persécutions politiques que leur infligent les Aghlabides. Les Andalous qui s'installent à Fès sont quant à eux des opposants auxOmeyyades, originaires des faubourgs cordouans (notamment du faubourg du Rabad, d'où le nom de Rabadis attribué aux éléments de cette première vague d'immigration en provenance d'Al-Andalus). Le royaume idrisside connaît de manière générale une importante phase d'urbanisation, illustrée par la création de villes nouvelles comme Salé, Wazzequr et Basra, cette dernière inspirée de la Bassorah d'Irak. Ces centres urbains sont des foyers de diffusion de culture arabe et des vecteurs d'islamisation.
À cette même époque, les Vikings venus de la lointaine Scandinavie et menés par Hasting et le prince suédois Björn Ironside, attirés par les richesses éventuelles et potentielles autour du détroit de Gibraltar et de la Méditerranée occidentale, se signalent par leurs incursions dévastatrices sur les côtes nord du Maroc (notamment dans les régions d'Asilah et de Nador). L'historien et géographe andalou Al-Bakri désignera les envahisseurs vikings par le terme de "Majus" et relatera particulièrement leurs exactions contre l’Émirat de Nekor dans le Rif.
En 985, les Idrissides perdent tout pouvoir politique au Maroc et sont massivement exilés en Al-Andalus. Installés à Malaga, ils récupèrent peu à peu leur puissance, au point d'engendrer une dynastie pendant l'époque des taïfas, les Hammudites. Ces derniers prétendront même à la fonction califale à Cordoue en lieu et place des Omeyyades déchus en1016