Site archéologique de Volubilis
Volubilis est une ville antique amazighe (berbère) romanisée située au Maroc, sur les bords de l'oued Khoumane, rivière de la banlieue de Meknès, non loin de la ville sainte de Moulay Idriss Zerhoun où repose Idriss Ier.
Fouillée partiellement, la cité éclot à partir du iiie siècle avant J.-C. en tant qu'établissement punique et se développe rapidement à partir du moment où elle entre dans le giron romain, pour dépasser une superficie de 40 hectares.
La parure monumentale de la ville se développe particulièrement au iie siècle, en liaison avec l'enrichissement économique de la région. Située dans une région aux riches potentialités agricoles, cette ville vivait du commerce de l'huile d'olive. On retrouve dans ses ruines de nombreux pressoirs à huile. Cet enrichissement se traduit également dans l'architecture privée par la constructions de vastes villas pourvues de belles mosaïques.
La région, jugée indéfendable, est abandonnée par les autorités impériales romaines en 285. La ville continue d'être habitée pendant sept siècles, par une communauté urbaine christianisée puis une cité musulmane. La dynastie idrisside, considérée comme fondatrice du Maroc, y est fondée au viiie siècle. Au xie siècle le site est abandonné et la population est transférée à 5 km de là, vers la cité de Moulay Idriss Zerhoun.
La ville ne subit pas de déprédations conséquentes semble-t-il jusqu'à un tremblement de terre au milieu du xviiie siècle. Par la suite les ruines furent utilisées pour les constructions de Meknès en particulier.
Identifié tardivement au xixe siècle, le site fait depuis l'objet de fouilles archéologiques et la moitié du site en est dégagée à ce jour. La qualité des trouvailles et du site a abouti au classement du site sur la liste du patrimoine mondial par l'UNESCO.
Des origines à l'époque romaine
Le site de Volubilis est occupé dès le Néolithique, mais il se développe surtout à l'époque maurétanienne au iie siècle av. J.-C..
La cité est gérée par des suffètes, des magistrats suprêmes, comme à Carthage et dans les villes punicisées. La ville, qualifié d'oppidum par Pline l'Ancien, se développera sur plus de 10 hectares. Elle fut protégée, sous le règne de Juba II, par une enceinte en brique crue, avec des maisons de même matière à l'intérieur. Après l'annexion de la Maurétanie à l'Empire romain, un tumulus fut élevé sur l'angle Nord-Est de l'enceinte. C'est certainement un monument commémoratif érigé à la mémoire des soldats morts au cours de la guerre contre Aedemon. Dès avant la provincialisation de la Maurétanie Tingitane, Volubilis est une cité montrant des traits de romanisation : certains des magistrats comme le fameux Marcus Valerius Severus, portent des noms romains et sont inscrits dans la tribu romaine Galeria, ce qui indique l'obtention de la citoyenneté romaine.
En 42 ap. J.-C., l'Empire romain annexe le royaume de Maurétanie Tingitane (de Tanger), après l'assassinat sous l'ordre de l'empereur Caligula du roi maurétanien Ptolémée. Volubilis se range alors résolument dans le camp des Romains en créant une milice qui contribue à l'anéantissement de la révolte contre l'Empire menée par Aedemon, affranchi de Ptolémée. Volubilis est récompensée de cette loyauté par l'empereur Claude qui lui attribue en 44 le statut de municipe romain : tous les habitants libres de Volubilis sont désormais des citoyens romains.
Un forum, quatre édifices thermaux publics et des maisons sont construits. Un aqueduc apporte l'eau des sources du Djebel voisin jusqu'à deux fontaines publiques, les thermes et les maisons. Deux puits et une citerne complètent ce réseau. Les maisons se couvrent de toits à double pente en tuiles romaines. Un temple avec ses lieux d'offrandes et de sacrifices se construit sur les pentes du tumulus.
En 168-169, la construction est limitée par l'édification d'un rempart avec huit portes et une quarantaine de tours. Des édifices publics sont agrandis, d'autres sont bâtis. Des maisons richement décorées de mosaïques sont dotées de thermes privés. On trouve de nombreuses installations commerciales et artisanales. Un portique borde le decumanus maximus (voie principale) depuis la porte de Tanger jusqu'au-delà de l'Arc de Triomphe, dédié à Caracalla pour le remercier d'avoir accordé une remise des arriérés d'impôts à la province, remise connue par l'édit de Banasa. Ces faveurs garantissent une grande prospérité pour les grandes familles, c'est une période de grands projets architecturaux qui marque l'apogée de la ville.
Vers 285, les autorités impériales romaines décident d'évacuer la ville et toute la région au sud du Loukkos. La province est alors réduite de plus de moitié.
Le retrait des Romains se traduisit aussi par des changements de mode de vie. L'aqueduc n'était plus correctement entretenu et la ville se déplaça : les habitants abandonnèrent les parties hautes pour se rapprocher de la rivière.
L'invasion des Vandales, venus d'Espagne en 429, marqua la fin de la période romaine.
Après l'époque romaine
Vers 600, l'habitat se replie progressivement sur la pente ouest, à l'intérieur d'une enceinte construite vers la fin du vie siècle. Les fortifications sont prolongées du côté de l'oued Khoumane. On construit les nouvelles maisons et le nouveau rempart avec des blocs prélevés sur les édifices des autres quartiers.
En 681, la conquête islamique se répandit dans tout le Maghreb, mais volubilis va cependant obtenir une certaine indépendance au viiie siècle à en juger d'après les monnaies préidrissides.
En 789, Idrîs Ier, un descendant de Hasan surnommé Az-Zakî (vertueux) fils aîné d'`Alî et de Fâtima fille de Mahomet, s'enfuit pour échapper aux persécutions abbassides. Il s'installa à Volubilis, (re)devenue Walila.
Avec la fondation de Fès par Idrîs II (808), Volubilis perd encore de son importance en abandonnant son rôle de capitale. C'est le début du déclin inexorable de la ville.
En 818, Volubilis accueille des Andalous chassés de Cordoue. Ceux-ci s'installent en bordure de l'Oued. La ville romaine sert de carrière pour les matériaux de construction. Les guides locaux racontent que le site n'a été complètement abandonné qu'après le séisme de 1755 à Lisbonne. Le site a été occupé de façon permanente jusqu'au xiie siècle assurément.
Redécouverte, fouilles et mise en valeur du site
En 1871, l'archéologue français Charles Tissot visite le site et y travaille à des relevés. Son collègue Henri de la Martinière y procède à des fouilles et à des relevés en 1888 et en septembre-octobre 1889 dans des conditions de sécurité difficiles (présence de groupes d'insoumis armés rebelles au Sultan, troupes du « sultan de Fès » absentes du territoire). Il en rapporte 34 estampages d'inscriptions dont deux grecques et un plan de la ville romaine; ainsi que les premières photos en absolu du site et des monuments de Volubilis (voir l'Album La Martinière sur Gallica.bnf).
La cité a été ensuite partiellement fouillée à partir de 1915, sous le protectorat français, par d'autres archéologues français et marocains. Aujourd'hui, ce sont 40 hectares de vestiges qui s'étendent au milieu des oliveraies et des champs, les zones fouillées représentent moins de la moitié du site. Quelques monuments prestigieux ont été restaurés pendant le xxe siècle. La qualité de conservation remarquable des mosaïques et l'exceptionnelle préservation du site ont incité l'UNESCO à le classer au patrimoine mondial de l'humanité.
Volubilis est une ville antique amazighe (berbère) romanisée située au Maroc, sur les bords de l'oued Khoumane, rivière de la banlieue de Meknès, non loin de la ville sainte de Moulay Idriss Zerhoun où repose Idriss Ier.
Fouillée partiellement, la cité éclot à partir du iiie siècle avant J.-C. en tant qu'établissement punique et se développe rapidement à partir du moment où elle entre dans le giron romain, pour dépasser une superficie de 40 hectares.
La parure monumentale de la ville se développe particulièrement au iie siècle, en liaison avec l'enrichissement économique de la région. Située dans une région aux riches potentialités agricoles, cette ville vivait du commerce de l'huile d'olive. On retrouve dans ses ruines de nombreux pressoirs à huile. Cet enrichissement se traduit également dans l'architecture privée par la constructions de vastes villas pourvues de belles mosaïques.
La région, jugée indéfendable, est abandonnée par les autorités impériales romaines en 285. La ville continue d'être habitée pendant sept siècles, par une communauté urbaine christianisée puis une cité musulmane. La dynastie idrisside, considérée comme fondatrice du Maroc, y est fondée au viiie siècle. Au xie siècle le site est abandonné et la population est transférée à 5 km de là, vers la cité de Moulay Idriss Zerhoun.
La ville ne subit pas de déprédations conséquentes semble-t-il jusqu'à un tremblement de terre au milieu du xviiie siècle. Par la suite les ruines furent utilisées pour les constructions de Meknès en particulier.
Identifié tardivement au xixe siècle, le site fait depuis l'objet de fouilles archéologiques et la moitié du site en est dégagée à ce jour. La qualité des trouvailles et du site a abouti au classement du site sur la liste du patrimoine mondial par l'UNESCO.
Des origines à l'époque romaine
Le site de Volubilis est occupé dès le Néolithique, mais il se développe surtout à l'époque maurétanienne au iie siècle av. J.-C..
La cité est gérée par des suffètes, des magistrats suprêmes, comme à Carthage et dans les villes punicisées. La ville, qualifié d'oppidum par Pline l'Ancien, se développera sur plus de 10 hectares. Elle fut protégée, sous le règne de Juba II, par une enceinte en brique crue, avec des maisons de même matière à l'intérieur. Après l'annexion de la Maurétanie à l'Empire romain, un tumulus fut élevé sur l'angle Nord-Est de l'enceinte. C'est certainement un monument commémoratif érigé à la mémoire des soldats morts au cours de la guerre contre Aedemon. Dès avant la provincialisation de la Maurétanie Tingitane, Volubilis est une cité montrant des traits de romanisation : certains des magistrats comme le fameux Marcus Valerius Severus, portent des noms romains et sont inscrits dans la tribu romaine Galeria, ce qui indique l'obtention de la citoyenneté romaine.
En 42 ap. J.-C., l'Empire romain annexe le royaume de Maurétanie Tingitane (de Tanger), après l'assassinat sous l'ordre de l'empereur Caligula du roi maurétanien Ptolémée. Volubilis se range alors résolument dans le camp des Romains en créant une milice qui contribue à l'anéantissement de la révolte contre l'Empire menée par Aedemon, affranchi de Ptolémée. Volubilis est récompensée de cette loyauté par l'empereur Claude qui lui attribue en 44 le statut de municipe romain : tous les habitants libres de Volubilis sont désormais des citoyens romains.
Un forum, quatre édifices thermaux publics et des maisons sont construits. Un aqueduc apporte l'eau des sources du Djebel voisin jusqu'à deux fontaines publiques, les thermes et les maisons. Deux puits et une citerne complètent ce réseau. Les maisons se couvrent de toits à double pente en tuiles romaines. Un temple avec ses lieux d'offrandes et de sacrifices se construit sur les pentes du tumulus.
En 168-169, la construction est limitée par l'édification d'un rempart avec huit portes et une quarantaine de tours. Des édifices publics sont agrandis, d'autres sont bâtis. Des maisons richement décorées de mosaïques sont dotées de thermes privés. On trouve de nombreuses installations commerciales et artisanales. Un portique borde le decumanus maximus (voie principale) depuis la porte de Tanger jusqu'au-delà de l'Arc de Triomphe, dédié à Caracalla pour le remercier d'avoir accordé une remise des arriérés d'impôts à la province, remise connue par l'édit de Banasa. Ces faveurs garantissent une grande prospérité pour les grandes familles, c'est une période de grands projets architecturaux qui marque l'apogée de la ville.
Vers 285, les autorités impériales romaines décident d'évacuer la ville et toute la région au sud du Loukkos. La province est alors réduite de plus de moitié.
Le retrait des Romains se traduisit aussi par des changements de mode de vie. L'aqueduc n'était plus correctement entretenu et la ville se déplaça : les habitants abandonnèrent les parties hautes pour se rapprocher de la rivière.
L'invasion des Vandales, venus d'Espagne en 429, marqua la fin de la période romaine.
Après l'époque romaine
Vers 600, l'habitat se replie progressivement sur la pente ouest, à l'intérieur d'une enceinte construite vers la fin du vie siècle. Les fortifications sont prolongées du côté de l'oued Khoumane. On construit les nouvelles maisons et le nouveau rempart avec des blocs prélevés sur les édifices des autres quartiers.
En 681, la conquête islamique se répandit dans tout le Maghreb, mais volubilis va cependant obtenir une certaine indépendance au viiie siècle à en juger d'après les monnaies préidrissides.
En 789, Idrîs Ier, un descendant de Hasan surnommé Az-Zakî (vertueux) fils aîné d'`Alî et de Fâtima fille de Mahomet, s'enfuit pour échapper aux persécutions abbassides. Il s'installa à Volubilis, (re)devenue Walila.
Avec la fondation de Fès par Idrîs II (808), Volubilis perd encore de son importance en abandonnant son rôle de capitale. C'est le début du déclin inexorable de la ville.
En 818, Volubilis accueille des Andalous chassés de Cordoue. Ceux-ci s'installent en bordure de l'Oued. La ville romaine sert de carrière pour les matériaux de construction. Les guides locaux racontent que le site n'a été complètement abandonné qu'après le séisme de 1755 à Lisbonne. Le site a été occupé de façon permanente jusqu'au xiie siècle assurément.
Redécouverte, fouilles et mise en valeur du site
En 1871, l'archéologue français Charles Tissot visite le site et y travaille à des relevés. Son collègue Henri de la Martinière y procède à des fouilles et à des relevés en 1888 et en septembre-octobre 1889 dans des conditions de sécurité difficiles (présence de groupes d'insoumis armés rebelles au Sultan, troupes du « sultan de Fès » absentes du territoire). Il en rapporte 34 estampages d'inscriptions dont deux grecques et un plan de la ville romaine; ainsi que les premières photos en absolu du site et des monuments de Volubilis (voir l'Album La Martinière sur Gallica.bnf).
La cité a été ensuite partiellement fouillée à partir de 1915, sous le protectorat français, par d'autres archéologues français et marocains. Aujourd'hui, ce sont 40 hectares de vestiges qui s'étendent au milieu des oliveraies et des champs, les zones fouillées représentent moins de la moitié du site. Quelques monuments prestigieux ont été restaurés pendant le xxe siècle. La qualité de conservation remarquable des mosaïques et l'exceptionnelle préservation du site ont incité l'UNESCO à le classer au patrimoine mondial de l'humanité.